Bill Brandt : La photographie n'a pas de règles

Parmi les photographes, passés et présents, Bill Brandt est l'une de mes plus grandes inspirations. Bill Brant compte parmi les grands photographes du XXème siècle et a travaillé avec une maîtrise égale dans les genres de la photographie documentaire, des portraits, des nus et de la photographie de paysage. Parmi ses images, j'ai tout de suite été interpellée par ses paysages, ses compositions, son travail du noir et blanc... Ce sont en effet ses photos de paysages en noir et blanc qui m'inspirent, l'atmosphère et la poésie qui s'en dégagent.

Photo Bill Brandt Cucmere River, 1963

L'exemple de cette photo avec le choix de la composition, de la pose longue qui accentue la suppression de tous les détails du paysage (la photographie en noir et blanc supprimant déjà une grande partie des informations visuelles d'une photo) - mais on devine une petite maison en bas à droite de l'image - apportent du mystère et laissent place à l'imaginaire.

Photo Bill Brandt, Lord MacDonald's Forest, Isle of Skye, 1947
Lord MacDonald's Forest, Isle of Skye, 1947 - Bill Brandt

Reconnu comme faisant partie des grands photographes du XXème siècle, Bill Brandt a toujours gardé un aspect poétique et surréaliste dont son œuvre témoigne. Conscient des règles esthétiques et techniques que certains photographes se sont imposées, Bill Brandt a ignoré les points de vue de certains photographes modernistes pour suivre son propre style.

Contrairement à certains de ses contemporains, Brandt a poursuivi une approche sans entrave de la photographie, conformément à sa vie personnelle qui était bohème et non conventionnelle pour l'époque. Il a mis de côté les règles esthétiques dans sa recherche d'expression artistique à travers la photographie et a également rejeté les normes sociales dans sa vie personnelle. Ce mépris de la convention a été la clé de plusieurs de ses images les plus frappantes.


Les règles et les conventions ne m'intéressent pas, la photographie n'est pas un sport, c'est le résultat qui compte, peu importe la façon d'y arriver.
- Bill Brandt


Pendant plus de cinquante ans, il va cheminer dans son art pour proposer des photographies hors des chemins habituels avec ses noir et blanc contrastés. Faisant ses tirages lui-même, recadrant sous l'agrandissement et mettant l'accent sur les contrastes tonaux dans l'impression.


« Pour moi, le travail en chambre noire est très important, car c’est seulement sous l’agrandisseur que je peux achever la composition d’une image. Je ne vois pas en quoi cela devrait interférer avec la réalité. Je ne vois pas en quoi cela pourrait altérer la vérité de la photo.»
- Bill Brandt

Sa photographie devait autant à Hitchcock et Orson Welles et au cinéma expressionniste qu'il aurait vu dans sa jeunesse aux expériences du studio Man Rays. L'œuvre très émouvante, presque abstraite, se démarque d'une grande partie du travail photographique grand public de l'époque.


Bill Brandt a également utilisé le montage, combinant des parties de deux négatifs dans une seule impression, bien avant que Photoshop n'existe. Un exemple frappant peut être trouvé dans son premier livre, The English at Home (1936). La mouette, impossible à photographier avec clarté dans des conditions de lumière aussi faible, a été montée sur une scène de la Tamise dans le brouillard. Quelques années plus tard, Brandt a ajouté un soleil du matin à la scène. Cela était nécessaire pour un article du magazine Lilliput, dans lequel le Londres victorien (vu par Gustave Doré) était comparé au Londres des années 1930.

Photo Bill Brandt, Early morning on the river, 1930s
Early morning on the river, 1930s - Bill Brandt

Le travail du photographe consiste, en partie, à voir les choses plus intensément que la plupart des gens. Il doit avoir et garder en lui la réceptivité de l’enfant qui regarde le monde pour la première fois, ou celle du voyageur qui découvre une contrée exotique… Ils ont en eux une aptitude à l’émerveillement…
– Bill Brandt


Ce que j'aime aussi chez Bill Brandt, c'est son approche de la photographie. Pour lui, il s'agissait de créer quelque chose avec le médium, en évitant les règles restrictives auto-imposées par ses pairs.

En contemplant le travail de Brandt, on s'aperçoit que ses images partagent une qualité commune : en tant que spectateur, vous voyez ce qu'il veut que vous voyiez. Même les sujets de ses photographies ne sont pas toujours ce qu'ils prétendent être. Il utilisait souvent sa propre famille pour mettre en scène certaines de ses images. Brandt a cherché la réalité par l'artifice - ce qui comptait pour lui, c'était l'image finale et non son chemin vers elle. Il contrôlait chaque aspect de sa photographie, de sa composition, de son cadre et de son impression. Ses légendes sont même souvent délibérément ambiguës, laissant le spectateur dessiner sa propre interprétation.

Son approche m'a fait réfléchir sur le fait de ne pas s'imposer de règles et sur l'utilisation délibérée dès la prise de vue, après la prise de vue avec le travail des images avec l'impact sur ce qu'évoquent les images. Je me sens liée à cette vision poétique que j'essaie d'apporter dans ma photographie.

Bill Brandt m'a rappelé de penser différemment pour expérimenter et essayer au-delà des règles de la photographie : en photographie, tout est permis et tout doit être essayé.
Certains choix à la prise de vue, comme la composition (que je trouve très importante), puis sur le travail de l'image permettent de changer l'ambiance, de susciter plus de curiosité chez le spectateur, voire de lui demander d'utiliser son imagination pour parvenir à ses propres conclusions sur la scène.

"Un sens de la composition est un grand atout. Je pense que c'est vraiment une question d'instinct. Il peut peut-être être développé, mais je doute qu'il puisse être appris. Cependant, pour réaliser son meilleur travail, le jeune photographe doit découvrir ce qui l'excite vraiment visuellement. Il doit découvrir son propre monde."
- Bill Brandt

Photographies copyright © Propriétés de Bill Brandt

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